logo kazaden

Juillet 2019 - Longyearbyen : Ernesto, Chloé, Estelle et une dizaine de passagers larguent les amarres à bord de l’Aztec Lady, un magnifique ketch d’exploration polaire, pour rejoindre les terres sauvages et reculées du Groenland. Un voyage de 26 jours au départ du Spitzberg, en autonomie totale, dans des zones dangereusement navigables et encore très peu cartographiées. De l’île volcanique de Jan Mayen aux côtes sauvages du Scoresbysund, le plus vaste fjord au monde, les apprentis marins et leur capitaine vont repousser les limites du voilier pour vivre une aventure hors du commun. Contemplation de la nature, observation de la faune, de la flore sur la terre des inuits, découvrez le récit d’Ernesto, le skipper du bateau, qui assurément, nous donne envie de prendre le large !

Les terres du Groenland m’ont toujours fasciné. Plus difficiles d’accès et plus sauvages que le Spitzberg, elles représentent un nouveau monde à explorer, vulnérable et impressionnant de grandeur. Le Scoresbysund, du nom de l’explorateur polaire et scientifique William Scoresby, se présente comme le plus vaste système de fjords au monde. Il est en théorie libre de glace un seul mois par an, c’est pourquoi nous décidons de nous y rendre en plein été, au départ de Longbyeargen au Spitzberg. Le débarquement, lui, est prévu à Akureyri en Islande, ce qui devrait nous faire environ 1800 miles de navigation. 

L’Aztec Lady, le bateau sur lequel nous embarquons a été repris en 2016 par Antoine, propriétaire du navire. Depuis deux ans, nous nous relayons en tant que capitaine sur les différentes croisières et expéditions pour découvrir - et faire découvrir les régions les plus au nord de la planète. L’Aztec Lady est un grand voilier spécialement conçu pour les expéditions polaires, d’un confort et d’une stabilité à toute épreuve. Sans lui, nous ne pourrions réaliser de tel voyage.

© Ernesto Izzo

 

Estelle occupera le poste de second et Chloé sera matelot. Pourtant habitué aux voyages au long court, je n’ai encore jamais skippé dans une expé aussi engagée. C’est pour moi un gros challenge de naviguer dans des zones non cartographiées, en autonomie totale et sans aucune possibilité d’assistance. Les dix passagers qui embarquent avec nous sont des habitués de nos croisières. Je suis heureux de les retrouver à bord et impatient de prendre le départ. 

Après avoir passé plus de six mois en mer, le bateau est minutieusement préparé pour la navigation hauturière et équipé pour repartir un mois de plus : avitaillement, rotation et formation de l’équipage, rangement des zodiacs, briefing technique, sécurité, etc.

Nous sommes le matin, la météo est bonne et nous savons qu’il nous faudra environ 650 miles pour Jan Mayen puis 300 de plus pour arriver dans les Soresby. Comme un petit caillou posé dans les eaux norvégiennes, avec ses 53 km de long et 15 km de large, l’île de Jan Mayen est extrêmement isolée. À la frontière de l'Océan Arctique et du Groenland, elle ne se trouve sur aucune route maritime et se caractérise par des côtes inhospitalières dû au manque d’abri, à la forte houle et aux vents importants qui l’entourent. Sur la partie Nord, un spectaculaire volcan appelé le Beerenberg culmine à 2 277 m d’altitude. Il est le volcan aérien le plus au nord de la planète et sa dernière éruption remonte à 1985. Une base scientifique norvégienne est également en activité sur l’île. Ce sera notre premier objectif.

La première navigation n’est ni très confortable, ni vraiment intéressante. Il y a du crachin et un léger vent de Sud qui nous oblige à naviguer au moteur pour stabiliser le bateau. Nous nous relayons sur des quarts de trois heures. Tous les passagers participent au bon déroulement de la navigation. Il y a toujours trois personnes en passerelle pour veiller au grain, surtout lorsque le risque de glace dérivante est présent. Ce sera le cas plus tard. 

En condition de brume, notre vigilance est importante. Il y a toujours des yeux vers l’avant. Nous faisons également attention à la température de l’eau car si elle tombe fortement, c’est le signe que nous entrons dans une zone où il peut y avoir de la glace. Théoriquement, le Scoresbysund n’est libre de glace qu’un mois par an, en août, mais les températures augmentant, le passage s’est ouvert plus tôt que prévu cette année. 

L’arrivée à Jan Mayen

© Ernesto Izzo

 

Battue par les vents, l’île a la réputation d’être difficile d’accès. Il n’y a pas de mouillage, pas d’abri. Pour s’y arrêter, il faut que les conditions soient parfaites. Très souvent, elle est prise dans la brume mais le dernier jour de traversée, juste avant d’arriver sur l’île, nous avons une chance inouïe. Le temps se dégage brusquement et le volcan apparaît à 50 miles devant nous. La visibilité est incroyable.

Il est 22h00, le jour est continu à cette période de l’année, il y a toujours cette petite brise venant du Sud qui commence à se calmer. Je me rends compte de la houle venant du nord-Ouest et du Sud et je comprends assez vite qu’il n’y aura pas un côté plus abrité que l’autre. D’après la météo,  le vent va tourner à l’ouest puis au Nord Ouest. On choisit donc de viser le côté Sud de l'île. Le soleil est assez bas sur l’horizon, ce qui donne des reflets roses et dorés dans l’atmosphère. Nous longeons donc la côte Est, sous le volcan et en s’approchant du rivage, un groupe de baleines à bosse fait son apparition. Gracieuses, majestueuses, puissantes, elles nous offrent un spectacle d’une rare beauté. Moteur éteint, nous restons là pendant plus d’une heure à les contempler. Parfois elles disparaissent, puis surgissent à l’improviste pour prendre leur respiration, provoquant un jet d’eau qui peut atteindre 5 ou 6 mètres de haut.

© Ernesto Izzo

 

Il est temps de reprendre la route et de commencer à explorer la côte pour repérer les mouillages possibles. L’île a déjà été cartographiée, mais les informations manquent de précisions et le trait de côte est mal dessiné. Je m’approche donc au sondeur et j’essaie de trouver un endroit abrité de la houle. Impossible, ça rentre de partout ! Nous continuons d’avancer, baleines au sillon et ce n’est qu’une bonne heure plus tard que nous réussissons à trouver un endroit propice au mouillage. Il est temps de mouiller l’ancre.

Matériel d’exploration 

Pour explorer les côtes et trouver un mouillage protégé, l’équipage s’aide d’un sondeur permettant de mesurer la profondeur ainsi que d’un radar pour dessiner le trait de côte avec précision. L’Aztec Lady possède un tirant d’eau de 2,60 mètres. Dans l’idéal, on vise des fonds entre 10 et 15 mètres. En cas de nécessité, un zodiac équipé d’un deuxième sondeur peut ouvrir le chemin à l’avant du bateau. On rapporte alors les positions GPS avec les profondeurs sur la cartographie du bord, ce qui nous permet de mouiller avec précision.

Le deuxième jour, au réveil, un banc de brume recouvre le sud de l’île. Nous nous arrêtons à l’orée de cette brouillasse et décidons d’attendre, avec l’espoir de pouvoir débarquer dans de bonnes conditions. Plus de 12h plus tard, toujours pareil, nous n’y voyons rien. Je démarre le moteur et lève l’ancre. Finalement, après seulement 10 min de navigation, le bateau sort de la brume et toute la côte Sud de l’île se révèle. Nous passons la matinée à explorer les flancs sauvages de Jan Mayen depuis le bateau. Le Beerenberg s’impose devant nous. Nous avons prévu de faire un arrêt à la station météorologique qui se trouve sur l’île. Dix-huit hommes et femmes habitent ici en permanence et sont relayés tous les six mois. L’île est extrêmement protégée, il faut demander des autorisations pour débarquer.

Je leur passe un appel radio et nous réussissons tant bien que mal à accoster. Une fois à terre, le chef de base nous accueille à bras ouverts et nous propose une petite visite guidée. Ensuite, c’est après-midi détente. Atelier cuisine pour certains, lecture au soleil pour les autres, puis apéro. 

Il nous reste plus de 300 miles pour rejoindre Ittoqqortoormit, un petit village inuit de 400 habitants, situé sur la côte est du Groenland. Nous faisons la traversée à la voile. Avancer avec les éléments, sans le bruit résonnant du moteur est si agréable. À mesure que nous nous approchons du Groenland, la glace dérivante devient de plus en plus présente. Nous entrons dans le fjord principal avec un grand soleil juste au dessus. Apparaissent alors les premiers gros icebergs, mesurant entre 60 m et 100 m de hauteur. Le vent tombe totalement à l’intérieur du fjord. Il est minuit, on affale les voiles, on met le moteur et on longe ce premier gigantesque bloc de glace.

L’arrivée à Ittoqqortoormit se fait assez tard dans la nuit. Nous buvons tout de même un petit coup pour fêter ça. Le lendemain matin, c’est quartier libre dans le village. C’est le dernier endroit ou l’on peut se promener librement avant les deux prochaines semaines donc nous organisons des petits débarquements pendant les deux jours suivants. Nous faisons quelques courses et prévenons les autorités locales de notre arrivée. Au Groenland, les ours polaires sont chassés. Leur peur de l’homme les rend moins dangereux qu’au Spitzberg mais il est obligatoire d’être avec un porteur de fusil dès qu’on a le pied à terre. 

Il fait doux, les inuits nous disent que les températures dépassent des records de chaleur cette année. L’isolement de ce village aux petites maisons colorées est presque total. La chasse et la pêche sont les seuls moyens dont dispose la communauté pour survivre. Il est d’ailleurs fréquent de voir des peaux d’ours et de bœufs musqués sécher sur les rambardes qui entourent les maisons. 

Après cette escale, nous décidons de nous enfoncer dans le gigantesque fjord pour faire le tour de l'île de Milne. Sur le chemin, nous nous arrêtons dans un petit fjord avec un magnifique front glaciaire, idéal pour passer la nuit. Nous faisons un petit débarquement sur le côté du glacier et longeons de monumentales falaises aux tonalités noires, ocre et rouges. Lorsque les glaciers fondent en altitude, cela forme de gigantesques cascades qui se déversent dans la mer. Il y en a partout. Nous faisons notre première balade à terre et prenons de la hauteur en montant sur les falaises.

© Ernesto Izzo

 

Le lendemain, nous entrons dans un deuxième fjord d’où nous apercevons une magnifique arche de glace. De loin, nous repérons un ours polaire, à priori seul. Dans cette zone, tous les mouillages deviennent compliqués car il est impossible de savoir ce qu’il y a sous le bateau. La navigation se fait donc au ralenti. Nous mettons le zodiac à l’eau et nous approchons pour observer l’ours. En apparaît alors un autre sur un îlot juste derrière nous. Nous passons toute l'après-midi à les observer, sans nous approcher davantage pour ne pas les énerver car nous sentons très vite que nous ne sommes pas les bienvenus.

La journée se termine entre les parois du glacier, à contempler les icebergs et imaginer toute forme de créatures sculptées dans ces énormes blocs de glace. À cet instant, nous entrons dans une phase contemplative de la nature.

© Ernesto Izzo

 

La prochaine étape nous mène vers l'île Danmark. Les courants sont très difficiles à prévoir et il y a de nombreux icebergs dérivants. Chaque jour, l’enjeu est de trouver un mouillage abrités et sécurisé pour la nuit. Ce jeu peut parfois prendre deux heures d’exploration du terrain. C’est tout le boulot de la cartographie, que j’ai d’ailleurs enregistrée sur mon logiciel.

© Ernesto Izzo

Nous croisons un voilier hollandais avec une famille à son bord, une des rares rencontres que nous ferons au cours de ce voyage. Le lendemain, nous naviguons autour de l’île. Les paysages sont incroyables, montagneux, avec ces gigantesque glaciers qui surplombent tout le reste. Les fleurs roses et rouges contrastent avec le bleu turquoise de l’eau et le noir des montagnes. Des icebergs sont venus s’échouer dans de petits passages étroits. Pour ne prendre aucun risque, je demande à Chloé et un passager de prendre le zodiac pour sonder la profondeur. À côté de moi, un autre passager lit l’appareil et m’informe de la distance à mesure que nous avançons. 90 m.. 85 m.. Cela me permet de me concentrer sur la navigation. Il y a aussi une personne à l’avant qui repère les changements de couleur d’eau. 

Cela nous permet de créer un rayon d’évitage sécurisé, zone libre d’obstacle sur laquelle le bateau se déplace lorsqu’il est au mouillage.

© Ernesto Izzo

 

Nous entamons le tour de Milne Land, troisième plus grande île du Groenland. Dès que nous trouvons un mouillage, nous nous arrêtons sur une toute petite île rouge, littéralement rouge, appelée rode Island. Le passage entre elle et Milne est très étroit, moins de 100 m par endroits, et le courant y est puissant. Les énormes icebergs ne peuvent passer, ils viennent s'échouer et forment ainsi un archipel de glace vivant autour duquel nous avons la chance de pouvoir louvoyer en zodiac, puis de les admirer depuis les falaises. On dirait un paysage de conte de fée. Nous passons une journée mémorable à nous balader, observant la faune et la flore. Nous commençons à apercevoir des traces de bœuf musqué, animal typique de la région. 

Une fois retournés au bateau, nous continuons notre chemin vers Sorte Island. Nous y faisons une belle balade sur les hauteurs avec pour fond de toile, des icebergs à perte de vue. Il y a beaucoup de traces d’animaux et la présence de nombreuses espèces d’oiseaux ; goélands, plongeons huard (dont nous entendons les cris, semblables à ceux des loups), etc.

© Ernesto Izzo

 

Nous continuons notre périple vers le Nord et croisons un autre bateau qui lui aussi, cartographie la baie. Dernière escale du séjour, nous arrivons dans l’archipel de Bjorne Island. Je m’amuse à louvoyer autour de ces îles aux formes ahurissantes : colonnes, arches ou même dinosaures pour ceux qui ont le plus d’imagination, les paysages sont fabuleux. Nous prenons un plaisir fou à rester là, écoutant le cris glaçant des plongeons qui emplissent l’espace. C’est à ce moment là que nous apercevons un bœuf musqué, avec son imposante carrure. Le moment est d’une forte intensité et nous n’avons aucune envie de quitter le Groenland. Je suis pourtant déjà en train de préparer le retour.

© Ernesto Izzo

Dans la baie de Charcot, qui a mené plusieurs expéditions dans le Scoresby, nous préparons à nouveau le bateau pour repartir en pleine mer et nous rendre à Akureyri en Islande.

La traversée, mouvementée, dure plus de 48 heures. La mer est agitée, nous prenons un petit coup de vent avec des pointes à plus de 30 nœuds mais en en arrivant dans le fjord, nous avons la chance de croiser des baleines une dernière fois. 

Après deux hivers passés dans le Grand Sud, des Falkland à la Géorgie du Sud et du Cap Horn à l’Antarctique, Ernesto enchaîne depuis cinq ans les saisons dans le Grand Nord aux côtés d’Antoine, propriétaire de l’Aztec Lady. Photographe, lors de chaque navigation il poursuit son travail sur le monde marin. Chaque hiver, le bateau part de Normandie pour rejoindre les côtes de la Laponie norvégienne jusqu’au printemps, où il s’aventure ensuite vers le Spitzberg et plus récemment, le Groenland. 

Partez avec Ernesto, Antoine et leur équipe pour une croisière d’expédition polaire. Découvrez les prochains départs.

 

22 Mai 2019 : Pierrick Fine, Antoine Rolle et Aurélien Vaissière, aspirants guides chez Kazaden, ainsi que leur comparse Symon Welfringer, se lancent dans une expédition à travers les sommets inexplorés de la Yarkhun Valley, en plein cœur du Karakoram au Pakistan. Le jeune quatuor a ainsi signé la première ascension du Risht Peak (5 960 m) et ouvert une superbe ligne mixte (M6/5/70°, 500 m) qu'ils appelleront “Sur la route de l'école”. Une aventure vers l’inconnu à presque 6 000 mètres d’altitude, aucun objectif précis en tête si ce n’est celui de la découverte et du plaisir - et la possibilité de varier les disciplines dans un territoire que nul n’a encore conquis.

Antoine nous raconte.

Rejoindre le camp de base

Arrivés à Islamabad, la capitale du Pakistan, il nous faudra cinq jours de voyage sur des routes très difficiles pour rejoindre le village de Lasht dans la Yarkhun Valley. Cette première étape en bus et 4x4 est loin d’être reposante mais nous permet de voir du pays. Tout au long du périple, nous sommes escortés par un véhicule d’hommes masqués et armés. Une situation un peu étrange et pourtant courante dans cette région frontalière de l’Afghanistan.

Après avoir “marchandé” avec les habitants du village, nous établissons notre camp de base au fond de la Yarkhun Valley, près d’une rivière, relativement basse en altitude (environ 3 000 m). Un choix judicieux qui nous permet d’être plus confortables et de réduire les coûts. D’ici, pas besoin de porteur et en prime, nous avons une vue imprenable sur notre objectif, le Thui Zom II. Du haut de ses 6 520 m, il nous offre une magnifique ligne de neige et de mixte, dans un environnement de roche et de glace. 

Nous avons prévu six jours d’acclimatation sur le Risht glacier. La première journée, nous commençons par faire les 1 100 mètres de dénivelé qui nous séparent de la montagne. Les sacs sont lourds et le soleil écrasant mais à mesure que nous gagnons en altitude, les sommets se dessinent autour de nous. Le soir, nous installons nos petites tentes au pied des paroies et une fois le soleil couché, le mercure descend et nous trouvons rapidement refuge dans les duvets. 

Pendant cette phase de progression, nous nous frayons un chemin entre paroies rocheuses, séracs et crevasses. Le dernier jour, nous tentons d’atteindre un col mais une fois arrivé à 5 700 m, la neige de mauvaise qualité nous dissuade de continuer. Nous avons bien fait car quelques heures plus tard, des coulées de neiges se déversent. 

Le dernier bivouac à 5 400 m nous offre une vue magnifique sur le Thui Zom II. Nous repérons d’ailleurs une ligne plus logique que celle que nous avions imaginée devant nos écrans. Ce sera notre chemin, ou du moins, c’est ce que nous croyons. Le lendemain, le retour au camp de base se fait dans des conditions idéales. Une fine couche de neige sur fond dur nous permet de réaliser une pure session de ski pour descendre le glacier. Les courbes s'enchaînent, la neige est légère, c’est un beau cadeau que nous offre la montagne. 

Une fois en bas, l’acclimatation est faite et nous sommes sereins.

Un peu d’entrainement

Après une journée de repos au camp de base, nous décidons de profiter des deux jours de beau temps avant la dépression qui s’annonce pour faire un peu de bloc. Nous préparons tout le matériel et marchons une trentaine de kilomètres plus bas dans la Valley. Nous tombons sur de superbes blocs posés au milieu d’un champs. Dalles, dévers, réglettes, jetés, il y en a pour tous les goûts et tous les styles, ce sera notre terrain de jeu pendant deux jours. 

La déception

Le mauvais temps est arrivé. Alors qu’on attendait un créneau de six jours pour réaliser le sommet (il nous fallait deux jours d’approche et au moins trois jours supplémentaires pour faire le sommet + la descente), la fenêtre météo se réduisit considérablement. Les messages d’Ambroise, notre routeur, ne nous annoncent plus que trois jours d’anticyclone. Notre projet s’effondre et notre rêve de gravir le Thui Zom II s’envole. La nouvelle est difficile à digérer et le moral à ce moment là est au plus bas. Après une nuit difficile, nous cherchons un plan B.

Il y a toujours des alternatives

Durant notre session d’acclimatation, nous avions aperçu un sommet en forme de pyramide avec plusieurs lignes distinctes et une belle goulotte, à droite de la paroie. On calcule qu’il nous faut une première journée d’approche, puis une autre pour réaliser la voie. C’est décidé, ce sera notre nouvel objectif.

A partir de là, tout se passe comme prévu. Nous avons deux belles journées pour arriver au pied du Risht Peak et avec nous, tout le matériel de ski, de bivouac et de grimpe. Même en optimisant au maximum, les sacs pèsent sur le dos et rendent la marche laborieuse. Je ne sais pas si c’est l’altitude, le poids du sac ou la forme physique mais l’effort est intense et je suis exténué. Heureusement, les copains sont là et on se motive. Arrivés aux bivouacs, chacun s'affaire à préparer ce qu’il nous faut pour passer la nuit : faire fondre la neige, monter la tente, réparer son matériel. 

C’est toujours compliqué de progresser en altitude. Les pentes de neige sont raides, l’oxygène se fait rare, chaque pas demande un effort intense sous ce soleil de plomb. La qualité de la neige se dégrade et  notre vigilance doit être au maximum. Alors on s’encorde, on se relaye pour prendre la tête de la cordée avant d’arriver à notre dernier bivouac, à 5 100 m. 

Après une courte nuit, nous partons rejoindre l'arête sommitale. 

Le sommet

On se suit pour tracer la pente, on se hisse à l’aide de nos piolets, on passe une rimaye, puis après une grande traversée et un peu de mixte, nous atteignons le pied de la goulotte. Encore plus belle que ce que l’on imaginait. Une magnifique longueur de glace se dresse devant nous. Aurélien prend les devants. A son tour, Symon enchaîne 50 m de mixte pour rejoindre un emplacement de relais. Ici, la goulotte se fait plus large et laisse place à une grande coulée de glace. Nous nous relayons pour prendre la tête de la montée et passons la barre des 5 900 m. La vue est imprenable, les montagnes pakistanaises se dessinent à l’horizon. 

Nous ne sommes plus très loin du sommet mais nous ne connaissons pas sa hauteur. Nous continuons à avancer sur la dernière pente et enfin, nous arrivons sur cette petite crête que l’on croirait faite juste pour nous. Nous jetons un œil sur l’altimètre et... 5 960 m. Petite déception, nous ne passerons pas la barre des 6 000 mais heureusement, la vue sur le Thui Zom II nous offre une belle récompense. Nous nommons ce sommet le Risht Peak car il se trouve juste devant le Risht glacier. Quelques minutes plus tard, il nous faut déjà penser à la descente car le mauvais temps arrive plus vite que prévu. Nous rentrons péniblement sous la neige, récupérons nos ski à la frontale et passons une nuit au bivouac n°3.  Ce soir là, le sommeil ne venait pas, nous avions des images plein la tête. Le lendemain, le temps est le même, la neige n’est pas terrible ce qui nous vaut quelques belles gamelles jusqu’au camp de base.

Cerise sur le gâteau

Juste avant de prendre la route pour Islamabad, nous avons eu la chance d’avoir deux jours de beau temps. Nous décidons d’en profiter pour explorer une gorge repérées plus bas dans la Valley (à vue d’oeil, elle devait faire 150 mètres de hauteur) sur du rocher en grande voie. Ni une, ni deux nous abandons la haute montagne et nous retrouvons au pied des paroies. D’ici, de nombreuses lignes nous attirent, le potentiel est incroyable ! Un dernier bivouac au bord de l’eau, au pied des falaises et nous définissons nos objectifs. Pierrick et Symon choisissent la face la plus raide en rive droite du canyon. Aurélien et moi, nous nous lançons sur une ligne plus évidente en rive gauche. Face à face, nous nous élançons dans les dévers et les fissures pour une magnifique grimpe très aérienne. Arrivés au sommet, nous observons Symon qui nous offre, sur la dernière ligne, une de ses plus belles performances. Une longueur de 7b+/7C. Cette dernière escapade signe la fin de notre expédition dans la Yarkhun Valley. 

 

L’interview de Pierrick et Antoine

 

Kazaden : Prendre la décision de partir au Pakistan ne se fait pas sur un coup de tête ! Pouvez-vous nous en dire plus sur ce choix ?  

Antoine : Symon, Auré, Pierrick et moi, nous nous connaissions depuis plusieurs années mais nous n’avions jamais eu l’occasion de grimper ensemble. Notre amitié s’est faite sur les paroies de roche et de glace. Nous partageons la même passion de l’exploration, la même vision de l’alpinisme. Notre motivation nous pousse davantage vers la découverte et l’exploration que la performance pure. Symon était déjà parti dans la région de Karimabad et avait énormément aimé cet endroit. On y trouve des montagnes exceptionnelles (Trango Towers, Gasherbrums), de nombreux sommets vierges et encore infranchis. 

 

Pierrick : la météo a beaucoup influencé notre choix. Nous avons pas mal hésité entre le Pakistan et l’Inde mais fin avril, début mai, créneau que nous avions convenu ensemble, le temps est plus clément dans cette région reculée de la Yarkhun Valley. 

 

Kazaden : comment se passe la phase de préparation ? Aviez-vous une idée de ce qui vous attendait là-bas ?

Antoine R. : Après vingt ans d’interdiction, la Yarkhun Valley a ouvert ses frontières aux étrangers. Grâce à d’étroites relations avec une agences locale, nous avons réussi à obtenir ce qui pourrait bien être le premier permis délivré à des Occidentaux. Pour effectuer du repérage, nous nous sommes appuyé sur l’un des meilleurs alliés technologiques de l’alpiniste : Google Earth. Grâce aux photos (pourtant anciennes) qui sont d’une incroyable précision, nous avons pu repérer les zones à explorer. Pour sortir des sentiers battus, nous avons choisi d’aller à l’extrême Nord Ouest du pays, éloigné des massifs les plus fréquentés. Par contre, se baser sur de simples photos aériennes soulève de nombreuses incertitudes, notamment sur la possibilité de franchir les glaciers. 

 

Pierrick F. : généralement, on s’entraîne quand on a un objectif bien précis en tête. Or, ce n’était pas le cas. Nous étions en mode découverte et exploration, pas vraiment à la recherche de la pure difficulté technique. Il nous a donc fallu préparer le matos en pensant à toutes les disciplines que l’on pouvait faire en montagne (escalade, bloc, grande voie, ski, alpi, etc.). Pour ne rien oublier, rien de mieux qu’un bon vieux tableau excel. Ensuite, nous avons composé avec ce qu’on a trouvé sur place.

 

Kazaden : Quel a été votre meilleur souvenir ? 

Antoine R : le jour de l’ascension du sommet a été dément. Le Risht Peak est très esthétique, avec une magnifique arête neigeuse sur son sommet. On a pu y faire de belles longueurs d’escalade en mixte et de la haut, la récompense est immense, avec ces montagnes à perte de vue. Une journée parfaite pour une expédition en montagne.

 

Pierrick F : comme ce n’est pas un objectif que nous nous étions fixé, je n’ai pas eu le sentiment d’accomplir quelque chose de grand, comme pourrait l’être un sommet dont on rêve depuis longtemps. Mais être là-haut avec les copains et voir toutes ses montagnes au loin... la première chose que je me suis dite, c’est qu’il y a encore pas mal de boulot ! (rire) C’est très motivant et finalement, je me rends compte que j'éprouve davantage de bonheur à travers le partage et la découverte que par l’accomplissement en général.

 

Kazaden : Quel effet ça fait de réaliser une première ? 

Antoine : Au delà de l’ascension d’un sommet (qui ne sera certainement jamais refaite d’ailleurs !) ce qui me plaît avant tout, c’est de parcourir des territoires inexplorés. Dans notre société actuelle, nous sommes agglutinés dans les villes, les uns sur les autres et c’est assez fou de se dire que tu peux encore être le premier à marcher là où personne n’a jamais mis les pieds.

 

Kazaden : Cette voie que vous avez ouverte, pourquoi l’appeler “Sur la route de l’école” ?

Pierrick F. : Pour différentes raisons. La première, c’est qu’il il y avait une école près du camp de base où nous étions. Des jeunes venaient nous rendre visite de temps en temps. Ensuite, nous avons tous les quatre suivi une formation de guide. C’était donc une suite logique, comme si cette aventure au Pakistan était notre dernier Travail Pratique.

 

Kazaden : Qu’est-ce qui vous plaît dans ce genre d’aventure ?

Antoine R : ces dernières années, j’ai beaucoup aimé partir sur des expéditions où il y a de nombreuses alternatives possibles. J’aime ce genre voyage où il est possible d’adapter sa discipline en fonction des conditions. Cela permet de ne pas avoir de frustration et d’optimiser tous les créneaux.

Moins d’objectifs, certes, mais un panel de possibilités plus important. De nombreux problèmes surgissent auxquels il faut trouver des solutions. Ton imagination est libre, le projet change et te donne le choix de réaliser ce que tu souhaites faire. 

 

Pierrick F : Nous sommes partis sans objectif précis et ce voyage a comblé toutes nos attentes, bien au-delà de nos espérances. C’était la première fois que dans une expé nous pouvions faire autant de disciplines d’une qualité inattendue : escalade grande voie, escalade bloc, ski sur un glacier jamais traversé et alpinisme en altitude.

 

Kazaden : Des projets à venir ?

Pierrick F : déjà, le film de cette expé est en cours de montage et devrait bientôt sortir. Ensuite, au printemps, j’ai prévu d’aller en Amérique du Sud avec le GEAN (Groupe Excellence Alpinisme National) et il est possible que j’aille au Népal en automne prochain, mais rien n’est défini. J'arrête un peu les compétitions de cascade de glace pour profiter pleinement de celles qui sont naturelles.

 

Antoine R : la Norvège cet hiver pour faire de la glace, l’Ecosse cet été pour tenter une trilogie de monolithes qui se trouvent en bord de mer. 

 

Antoine Rolle

L'aspirant guide de a 28 ans est originaire de la région niçoise. Très jeune, il commence l’escalade avec ses parents et intègre un club associatif de montagne. Son apprentissage de la verticalité continue au sein du groupe espoir Alpes Maritime de la FFCAM (Fédération française des clubs alpins et de montagne). Au cours de ses études et de ses rencontres, sa pratique évolue, lui permettant de progresser au contact des meilleurs et de se confronter à des voies de plus en plus difficiles (notamment dans les Grandes Jorasses). En 2015, Antoine entre dans le Groupe Excellence National d’Alpinisme de la FFCAM. Encadré par des coachs renommés, il apprend à monter des expéditions et se rend plusieurs fois par an dans les endroits les plus reculés du monde, à la découverte de massifs inexplorés. 

Retrouvez les séjours d'aventure que propose Antoine sur notre site

 

Pierrick Fine 

Pierrick a grandi en Chartreuse, au pied de la Dent de Crolles, ou il a passé son enfance à grimper et explorer les différents sentiers du vertige. Dès le lycée, il suit une formation complémentaire spécialisée “Montagne” qui lui permet de faire un premier pas dans cet univers qui le passionne. Après un passage par la filière Staps de Chambéry, il réalise des cascades de glace en compétition et devient vice-champion du monde chez les moins de 22 ans en 2015, et 6ème chez les adultes. Sa volonté d’aider les autres et de développer le sport le pousse à passer une licence d’entraînement sportif Depuis un an, Pierrick a rejoint le Groupe Excellence Alpinisme soutenu par la FFCAM, dont Antoine et Aurélien font également partie. En parallèle, il se forme au diplôme de guide de haute montagne, pour allier sa passion de la montagne et son envie de partager ses connaissances.

Contactez Pierrick et organisez votre prochaine aventure

 

Il en aura fallu des traversées et des naufrages pour passer de la petite pirogue d’autrefois aux derniers IMOCA que l’on connaît aujourd’hui. Les bateaux à voile vous font rêver ? Nous, ils nous inspirent ! Alors, avant de vous lancer dans votre première croisière en voilier, prenez quelques minutes pour lire l’histoire du Kazaden boat. Vous découvrirez l’évolution des bateaux à voile au fil des siècles et retiendrez quelques expressions fort utiles pour briller au comptoir (de mer). Ok, avec ça, vous ne gagnerez peut-être pas à Virtual Regatta*, mais vous aurez toutes les clés en main pour passer du petit marin d’eau douce au véritable loup de mer.

Barre de voilier vintage

Bienvenue à bord du Kazaden Boat !

Bienvenue à bord moussaillon ! Nous amarrons aujourd’hui sur le Kazaden Boat, fier navire de joyeux matelots en quête d’aventures. Parbleu ! Tu ne connais pas les rudiments de la navigation à la voile et de la conception des voiliers ? Ce n’est pas grave, le maître-coq* a besoin d’un assistant pour préparer la tambouille. Tu apprendras à ses côtés. Mais avant de prendre le large, et de découvrir les spécificités des voiliers, tu dois en apprendre l’histoire. Pour cela, je vais te raconter l’histoire du Kazaden Boat, notre navire, vieux gréement à l’histoire riche et tourmentée qui a traversé les âges. On verra ensuite pour te fournir les quelques rudiments du jargon pour faire de toi un vrai marin.

Le Kazaden Boat, l’aboutissement de siècles de métamorphose 

Il y a plus de 3 000 ans, le Kazaden Boat appartenait aux premiers habitants de l’Océanie. Il ressemblait alors à une simple pirogue. Sans quille* et peu fiable en haute-mer, il était principalement utilisé pour se déplacer en rivière ou dans les lagons. 

Anciens canoës en bois - Guna Yala, San Blas Islands

L’histoire voulut que le premier capitaine du Kazaden Boat décida d’explorer le monde et accosta quelque part en Méditerranée vers le Vème siècle avant J-C. Il y trouva des peuples d’irréductibles gaulois, résistants encore et toujours à l’envahisseur. Il dût donc perfectionner le navire pour se déplacer entre calanques, haute-mer et criques aux eaux cristallines. C’était la première fois que le Kazaden Boat possédait une véritable charpente. Il était donc beaucoup plus robuste et mieux adapté à la navigation en haute-mer. Le capitaine de l’époque y ajouta des rames et entreprit d’en agrandir les dimensions pour plus de vitesse. On raconte même que le Kazaden Boat disposait à l’époque d’un véritable éperon capable de transpercer la coque des navires ennemis. Les galères grecques et romaines n’avaient qu’à bien se tenir ! 

Peinture représentant un ancien navire marchand grec.

De la fin du XVème au début du XIXème siècle, le Kazaden Boat passa aux mains des différentes puissances européennes qui rivalisaient d’ingéniosité dans la conception de leurs navires. Notre fringuant Kazaden Boat évolua donc d’un simple galion chargé d’or à une véritable frégate de guerre lorsqu’il fut capturé par des corsaires. À l’époque, il était entièrement conçu pour la haute-mer et pour embarquer un équipage important et une cargaison gigantesque. La coque était composée de chêne et le mât de pin, des bois durs pour résister aux rigueurs du large. Le nombre de mâts et de voiles augmenta afin de pouvoir le manœuvrer plus facilement. Et oui moussaillon, le Kazaden Boat fut un trois-mâts légendaire. Outre ses nombreuses aventures aux côtés de Cook et Bougainville en Polynésie, il taillait régulièrement en pièces de redoutables pirates dans les Caraïbes. On le compara même au mythique HMS Victory, long de 70 mètres et fort d’une centaine de canons qui combattit à la bataille de Trafalgar. C’était alors l’âge d’or de la voile dans le monde, matelot ! 

Réaliser une croisière en Polynésie

Les avancées technologiques qui suivirent, permirent d’incorporer au Kazaden Boat vieillissant, la propulsion à vapeur afin de le rendre plus rapide et de lui donner un second souffle. L'ingénierie navale commença au milieu du XIXème siècle à concevoir des coques en fer pour les navires de guerre. Le Kazaden Boat était donc nettement plus robuste que lorsqu’il possédait une coque en bois. Il fut notamment utilisé pour des expéditions dans le Grand Nord au Groenland et au Spitzberg, entre banquise, iceberg et aurores boréales. Conçue à l’origine en moyen de propulsion secondaire, la vapeur actionnant les hélices supplanta rapidement les voiles au détriment de notre légendaire bâtiment... 

Réaliser une croisière dans le Grand Nord

Aujourd’hui, le Kazaden Boat a retrouvé taille humaine et des allures plus sportives. Il est à l’instar de la plupart des voiliers actuels, composé d’un seul mât de haute taille et conçu dans des matières plastiques légères et robustes. Les diverses avancées technologiques ont d’ailleurs permis de le rendre beaucoup plus simple d’utilisation que les voiliers de nos ancêtres. Plus confortable et stable qu’auparavant, nous l’utilisons aujourd’hui pour la navigation de plaisance. Nous appareillons bientôt pour découvrir les Antilles, peut-être seras-tu membre de l’équipage ? 

Réaliser une croisière aux Antilles

J’estime cependant, en tant que capitaine de cet illustre voilier, qu’il serait intéressant de le transformer en voilier de course. Je suppose que tu ne maîtrises pas les dernières avancées technologiques en matière de course à la voile ? Aucun souci, nous n’avons pas le vent en poupe et nous n’appareillerons pas avant l’aube. Je vais donc te parler des voiliers conçus pour la course. 

Les voiliers de course : tout un art ! 

Vois-tu moussaillon, à la croisée des chemins entre formule 1 et avion de chasse, les voiliers de course modernes possèdent des caractéristiques hors du commun. Vendée Globe, Transat Jacques Vabre, Coupe de l’America ou Route du Rhum, ce sont sur ces courses mythiques que les ingénieurs de marine s’échinent à concevoir les bateaux les plus performants. Depuis de nombreuses années, les hommes sont obsédés par l’idée de faire voler ces bateaux et se retrouvent en perpétuelle quête de vitesse. Pour cela, afin de réduire la friction de la coque avec l’eau et pour obtenir plus de puissance, les voiliers de course utilisent désormais ce qu’on appelle des hydrofoils. Ces bateaux sont conçus avec des pièces en plastique robuste entrant dans l’eau et permettant de soulever la coque du bateau hors de l’eau. L’un des premiers exemples de ce type de navire est le Paul Ricard conçu pour Eric Tabarly, afin d’établir le record de vitesse pour la traversée de l’Atlantique. Plus récemment, l’impressionnant voilier IMOCA* Hugo Boss créé pour le skipper Alex Thomson s’apparente davantage à un avion qu’à un voilier. Sortant de l’eau comme le Hollandais volant, il ouvre la voie à une nouvelle génération de voiliers de course, plus performants et plus que jamais taillés pour la vitesse. 

La Team Oracle USA et la Nouvelle-Zélande naviguent à grande vitesse lors de la course finale 8 de l'America's Cup.

Tu es maintenant prêt pour le large moussaillon ! Cependant, avant d'amarrer, consulte ce  parchemin. Tu y trouveras toutes les parties importantes d’un navire. Bon vent matelot !  

Les expression indispensables à bord

Quid de “souquez les artimuses” ou des “mille millions de mille sabords” ? Nous avons affrété rien que pour toi, toute une armada d’expressions de marins afin de ne plus passer pour un amiral de bateau-lavoir ! 

Souquer les artimuses : “Yah, parée à l’abordage papa ! Souquez les artimuses”. Réplique culte du filme Astérix & Obélix, Mission Cléopâtre, cette expression ne veut malheureusement rien dire. Si le verbe “souquer” désigne effectivement le fait de serrer ou tirer fort, les artimuses n’existent tout simplement pas.  

Mille millions de mille sabords : Assurément l’une des expressions favorites du Capitaine Haddock. Utilisée pour décrire un rebondissement ou une situation catastrophique, ce dicton fait référence aux sabords, ouvertures dans la coque d’un navire créées afin de laisser sortir les canons. 

Tonnerre de Brest : La stupeur du Capitaine Haddock était immanquablement ponctuée de cette expression devenue mythique. Celle-ci fait référence au bagne de Brest et aux coups de canons tirés lorsque l’un des prisonniers parvenait à s’échapper, le son des détonations rappelant le bruit du tonnerre. 

Branle-bas de combat : Cette expression décrit l'ordre lancé par le capitaine lorsque le navire devait se préparer pour la guerre. Au XVIIème siècle, un “branle” était le nom donné aux hamacs. Au signal du branle-bas de combat, chaque marin devait décrocher et ranger son hamac afin de libérer l’espace pour la bataille.  

Pas de quartier : Tirade indispensable dans la panoplie du parfait pirate, “pas de quartier” désigne un abordage de navire cruel et sans merci pour les marins adverses. Dans le jargon militaire du XVIIème siècle, le quartier était une pièce ou l’on pouvait être soigné ou se reposer. Pas de quartier pour l’équipage ennemi signifiait donc un combat sans pitié. 

Marin d’eau douce / Amiral de bateau-lavoir : Ces expressions désignent simplement des marins inexpérimentés. Un bateau-lavoir était autrefois un bateau se déplaçant sur un fleuve et équipé d’un lavoir permettant aux habitants de laver leurs vêtements. À l’époque, un bateau-lavoir était relativement aisé à manoeuvrer en comparaison des autres navires. 

Avoir le vent en poupe : Utilisé lorsqu’une personne rencontre une période faste et de succès, ce dicton fait référence à la poupe d’un navire, c’est à dire sa partie arrière. Le vent en poupe désignait donc des conditions propices pour faire avancer rapidement le navire ou l’embarcation. 

 

*Virtual Regatta est un jeu en ligne permettant de suivre en temps réel l’avancée des voiliers d’une course au large. Gratuit, Virtual Regatta vous permettra de devenir le capitaine de votre voilier et de faire la course depuis chez vous avec des milliers d’autres joueurs. 

*Le maître-coq était autrefois le marin en charge de la cuisine pour l’équipage. 

*Les voiliers IMOCA appartiennent à la classe des 60 pieds soit 18,28 m et sont conçus pour les courses océaniques en solitaire ou double comme le Vendée Globe ou la Transat Jacques Vabre. Ces voiliers sont sous l’autorité de l’International Monohull Open Class Association d'où leur nom d’IMOCA. 

*La quille est la partie la plus basse d’un bateau et représente généralement la partie centrale à partir de laquelle la coque est construite. 

Chez Kazaden, on aime l’aventure et le contact avec la nature. On aime se fixer des petits (et grands) défis, sortir de notre zone de confort et se frotter à des expériences nouvelles. Alors quand Jérémie, Maxime et Steph (dirigeants de Kazaden), nous ont annoncé qu’on partait pour une initiation à l'alpinisme dans le massif du Mont-Blanc, on a commencé à faire des petits sauts de cabri dans les bureaux. L’objectif ; réaliser l’ascension de l'Aiguille du Tour, le sommet qui se situe entre les glaciers du Tour et du Trient, sur la frontière franco-suisse. Ok, c’est un des plus faciles de la région mais quand même, l’ascension n’a rien d’une balade du dimanche. Pour vous raconter, Roméo, membre de la Team Kazaden, s'est plié à l’exercice de la rédac'. Découvrez son joyeux récit !

Aiguille-du-tour-Kazaden

L'aiguille du Tour nous appelle

Il est 8h, départ de Paris pour les uns et de Lyon pour les autres. Fred, notre guide et expert du terrain, a déjà dû appeler la moitié de l’équipe pour savoir si nous n’avions rien oublié. Tant pis, de toute façon, on est déjà en route, excités comme des puces, des rêves d’Himalaya dans la tête. 

Chez Kazaden, certains sont chevronnés en alpinisme mais chacun a son sport de prédilection, et donc pour certains, c’était bien la première fois qu’ils allaient chausser les crampons. Alors forcément, on se rassure, on s’observe mais surtout on s’imagine beaucoup de choses. 

On arrive vers 16h dans la vallée de Chamonix, Fred est là, grand sourire et nous accueille au gîte. J’ai rarement rencontré quelqu’un d’aussi avenant et bienveillant au premier abord. Voir arriver 12 joyeux lurons, sacs sur le dos, n’a clairement pas l’air de l’impressionner et c’est avec des étoiles dans les yeux qu’on l’écoute nous raconter ses premières histoires de montagne.

Le soir, on partage tous un repas copieux, une tarte aux abricots mais surtout des rires et une bonne humeur communicatrice. A 22h, tous au lit, notre aventure commence demain

9h, l’heure fatidique où Fred, en capitaine de navire va checker tous nos sacs et vérifier qu’on a bien suivi ses instructions. Pas de mauvais élèves chez Kazaden, on a tous ce qu’il faut et c’est piolet sur le dos qu’on descend dans la vallée chercher nos chaussures et crampons. 

crampon_alpinisme_kazaden

Ce n’est quand même pas une question de semelle qui entamera notre enthousiasme

« Ça te fait pas mal aux talons toi ? », « J’ai un peu l’impression de flotter dedans », « En fait c’est un peu des chaussures de snow non ? ». Certains découvrent les chaussures d’alpinisme et peu les trouvent à leur goût. Mais Gégé et Loris, nos deux autres guides, tout aussi sympa que Fred, sont là pour nous secouer les puces. Ce n’est quand même pas une question de semelle qui entamera notre enthousiasme, nous partons donc full equiped, vers la première étape de notre ascension : la télécabine de Charamillon puis un télésiège qui nous emmèneront à 2000 m d’altitude. 

Télécabine fermée. C'est donc 400 m de dénivelé que nous aurons à faire en plus avant même d’avoir commencé la véritable ascension. Les pieds d’Agathe s’en souviennent encore. Mais cette petite marche forcée nous aura permis de voir 3 bouquetins cavaler à flanc de falaise et ça, ça n’a pas de prix. 

Cette fois, c’est la bonne, vers 11h nous grimpons par un chemin en balcon jusqu’aux abords du Glacier du Tour qu’on aperçoit déjà en fond de toile. Notre objectif final reste encore à couvert mais la vue sur l’ensemble du massif du Mont Blanc est à couper le souffle, lui qui commence d’ailleurs à se faire déjà un peu plus court…

aiguille-du-tour-kazaden

Bilan de cette longue journée : des ampoules, des Compeeds, des sourires et de vrais moments de bonheur.

Nous atteignons le glacier en début d’après midi après un superbe pique-nique, comté/saucisson/Pomme Potes', au bord du sentier. Ces crêtes qui découpent l’horizon et la majesté des glaces nous redonnent des ailes et c’est avec un nouvel entrain que nous chaussons les crampons pour s’essayer aux 10 pointes et à la cascade de glace au pied du refuge Albert 1er

cascade de glace-kazaden

Fred a tout de suite compris qu’on était des champions piolets en main et c’est très fiers, mais aussi très mouillés par la pluie qui s’est mise subitement à tomber, que nous rejoignons le refuge pour un repos bien mérité. 

Bilan de cette longue journée : des ampoules, des Compeeds, des sourires et de vrais moments de bonheur. 

kazaden_team

Face au coucher de soleil qui illumine de rose le glacier et l’aiguille du Tour qu’on aperçoit enfin, Fred et Gégé nous rappellent vite à la réalité : « Demain les loulous c’est départ à la frontale à 4h du mat, alors à 22h tout le monde au lit ! ». 

coucher_de_soleil_aiguille_du_tour

Je pense qu’il vaut mieux les prendre au mot. De toute façon, on tient déjà plus debout et comme on nous le répète depuis le début, la fatigue est l’ennemi de l’alpiniste ! (la fatigue mais aussi le poids, les crevasses, les frontales sans piles, les barres de chocolat Kellogg's, le gluten… pas beaucoup d’amis l’alpiniste !)

C’est donc le ventre plein et l’esprit léger, que nous prenons nos quartiers dans un superbe dortoir où seuls les ronflements de certains collègues viendront troubler notre paisible sommeil…

Le sommet nous attend

3h 30 : Branle le bas de combat, le réveil qui sonne, gros coup d’adrénaline pour tout le monde, petit coup de barre pour certains. Tout le monde se réveille comme il peut, rassemble ses affaires, s’active vaguement… Jérémie lui a déjà fini son bol de céréales et commence à nous mettre la pression. 

3h 40 : Fred, Gégé et Loris nous attendent déjà de pied ferme. Pas le temps de rechigner, on mange un morceau en vitesse et c’est parti ! Il règne une ambiance particulière au refuge où toutes les cordées se mettent en route dans la bonne humeur, on se croirait un peu au café du commerce alors qu’il ne fait toujours pas jour.

À  la lumière des frontales, nous commençons donc l’ascension, 3 cordées de 5 se suivent au tout petit matin vers un objectif commun, le sommet de l’Aiguille du Tour. On parle peu, on respire beaucoup, on s’arrête de temps en temps. Le jour commence d'ailleurs à se lever. C'est le moment de faire une petite halte pour chausser les crampons et entamer la traversée du glacier. La pente est d'abord douce et nous laisse le temps d'apprécier les couleurs qui nous entourent. À mesure que l'on avance, elle se fait de plus en plus raide jusqu'à devenir un espèce de gigantesque mur planté devant nous. Mes jambes se souviennent encore de ce dernier couloir que nous peinons à gravir pendant 1h. On grimpe, on s'accroche, un pied en avant, parfois deux en arrière. Mais quel bonheur lorsque'arrivés en haut du col on découvre les montagnes suisses baignées des premières lueurs de l’aube ! Un spectacle absolument grandiose…

aiguille_du_our_cordee

On s’assure comme on peut, on grimpe, une seule idée en tête, poser mentalement son petit fanion tibétain tout en haut

7 h : On arrive au pied de l’Aiguille, il est temps de laisser les crampons en bas et d’attaquer l’escalade à flanc de falaise, pour arriver au sommet. On s’assure comme on peut, on grimpe, une seule idée en tête, poser mentalement son petit fanion tibétain tout en haut. Dans la cordée, on garde le rythme, la corde légèrement tendue pour ne pas s'y prendre les pieds et risquer le roulé boulé. On vérifie ses prises, on checke le matériel en permanence et on évite de regarder en bas. Le vide est bien présent et l'altitude se fait sentir. Pour celles et ceux qui auraient le vertige, ce n'est pas le moment de flancher. Après une bonne demi-heure de sueurs, on y arrive.  Nous voilà donc à 12, agglutinés sur cette petite crête, à se congratuler et s’embrasser, la mine rayonnante avec un air de « c’est bon on l’a fait, bordel !»

aiguille_du_tour_cordee_1Après la séance photo, place à la descente et aux genoux qui grincent. Nous avons mis près de 4 h à atteindre le sommet, environ 3 pour rejoindre la croûte au fromage qui nous attendait toute fumante au refuge. 

Après le déjeuner, le retour en vallée n’est plus qu’une formalité, nous nous sentons tels de véritable explorateurs, capables de partir à la conquête des plus hautes cimes. 

La vérité, c’est surtout qu’on a super mal aux pieds et que notre seule envie est de mettre des pantoufles. Mais nous gardons tous un souvenir impérissable de cette belle aventure en équipe. Fred, Gégé et Loris auront été des guides incroyables, toujours volontaires pour partager leur passion. De vrais moments de camaraderies qui nous donneraient presque envie d’aller gravir l’Everest.

Pour voir plus d'images, regarder notre vidéo !

 
L’aventure vous appelle ? 

Partez avec nos guides pour une ascension à Chamonix et dans le Massif du Mont Blanc. Apprenez de leur expérience et partagez des moments de convivialités avec de vrais passionnés ! Découvrez toutes nos formules d'alpinisme. 

Avant de partir pour un trek, le choix du matériel est toujours LA grande mission. Quel matériel de trekking emporter ? Comment partir léger sans rien oublier ? Est-ce que je prends le tire-bouchon ? Pas de panique, voici une check-list du matos indispensable pour partir faire un trek dans les meilleures conditions. 

TÉLÉCHARGEZ LA CHECK-LIST

 

Ce qu’il faut savoir avant de faire votre sac de trekking 

matériel trek ce qu'il faut savoir

Quel que soit votre projet de trek, il est important de se poser les bonnes questions : quel est le climat ? Le terrain rencontré ? La durée et le niveau de difficulté ? Autant de paramètres qui vous guideront dans le choix de votre équipement. En revanche, une seule règle de base : penser légèreté, chaleur et confort !

Un aperçu des essentiels : duvet, sac à dos et chaussures de rando

Sac de couchage Sac à dosSac porteurChaussures
Moyenne Montagne10°C – 0°C 20 – 30 L NonMontantes et rigides
Haute Montagne 0°C – -10°C 30 – 40 LOui (90 – 120 L) Montantes et rigides
Désert15°C – 5°C15 – 25 L Oui (50 - 60 L)Souples et ouvertes

Équipement de base pour le trekking

Que vous partiez faire un trek sur les sommets de l’Annapurna ou dans les dunes du désert marocain, il y a quelques indispensables à prévoir pour que votre aventure ne tourne pas en mésaventure. 

Vêtements 

Matériel

Soins 

Divers 

Documents 

Petits conseils Kazaden pour la montagne

N’ayez pas peur de partir légèrement vêtu malgré la fraîcheur matinale. Lorsque vous évoluez en montagne, votre corps monte très vite en température et vous risqueriez la surchauffe. Dans votre sac-à-dos, gardez à disposition une polaire chaude et une bonne veste imperméable (type GoreTex®) pour vous protéger du vent et de la pluie. Quelques secondes de gagnées vous permettront peut-être de rester au sec pour le reste de votre journée. 

Les chaussures de trek, à ne pas négliger ! Nous sommes un peu de la vieille école mais on a une grande préférence pour les chaussures montantes. Certes plus lourdes, elles sont surtout plus rigides et protègeront vos chevilles des entorses. 

Équipement de haute montagne : votre passeport pour les sommets 

materiel trek équipement de montagne

Il est un vieux proverbe des pays du Nord qui dit : 

“Il n’y a pas de mauvais temps, que de mauvais équipements”.

Les treks en haute altitude nécessitent un équipement bien pensé et préparé. Vous pourrez ainsi affronter les aléas climatiques et continuer votre marche sans sourciller. Kilimandjaro, Tour des Annapurnas, Camp de base de l’Everest, voici une liste d’éléments plus spécifiques à emporter pour votre trek en haute altitude

Equipements spécifiques haute montagne

Les petites astuces de tonton Bat’ #KazadenTeam 

“ Après quelques aventures dans l’Himalaya, sur les pentes du Kilimandjaro ou dans le désert namibien, je commence à avoir l’expérience des ampoules, des déluges tropicaux et des températures extrêmes. Au fil du temps, j’ai découvert quelques petites techniques efficaces pour me rendre la vie plus facile pendant mes treks.

  1. Les pansements adhésifs sous forme de rouleau peuvent sauver vos pieds. Avant de partir, appliquer quelques morceaux sur toutes les parties susceptibles de frotter pendant la marche préviendra les ampoules. La friction s’effectuera sur les pansements et non sur votre peau ! 
  2. Les pastilles de coca en homéopathie aident énormément à s’acclimater à l’altitude. Commencer à les prendre quelques jours avant son départ et continuer jusqu’au 3ème jour après le début du trek. Testé et approuvé ! A noter que le Diamox est un médicament très puissant qui possède des effets secondaires plutôt incommodants. A n’utiliser donc qu’en cas d’extrême nécessité. 
  3. S’entraîner à plier son sac de couchage avant de partir à l’aventure. Lorsqu’on ne possède pas la technique, plier son sac de couchage à plus de 4 000 mètres peut se révéler un véritable challenge ! 

À prendre ou à laisser :

Une dernière technique, plus personnelle. Lorsque le froid est intense et que l’eau de la gourde à tendance à geler, je verse quelques gouttes de vodka dans l’eau. Cela empêche momentanément l’eau de geler et puis, ça réchauffe un peu.” 

 

Équipement de trek dans le désert : dans la peau de Lawrence d’Arabie 

matériel trek équipement trek désert

Le désert est un environnement aussi envoûtant que hostile. Il convient donc de s’équiper avec le matériel adéquat pour faire face aux fortes chaleurs, aux tempêtes de sable et aux possibles gelées nocturnes. Voici la liste des équipements à emporter pour votre trek dans le désert.

Vêtements 

Matériel 

Les petites astuces de Clem’, notre trekkeuse du désert #KazadenTeam 

“Lors de mon dernier trek dans le désert marocain, j'ai privilégié des vêtements amples, en matière naturelles, comme le coton ou le lin. L’idéal est qu’ils soient légers et aérés pour laisser passer l’air et éviter la transpiration. Plutôt que de me badigeonner de crème solaire sur les bras et les jambes (que j’aurais du mal à retirer sans une bonne douche), je choisis des vêtements qui couvrent l’ensemble du corps. 

Une gourde filtrante peut aussi être la bienvenue. Certaines marques proposent désormais des gourdes équipées de filtres qui permettent de puiser de l’eau n’importe où sans se soucier des bactéries.  

Enfin, je ne néglige pas les vêtements chauds. Malgré des températures caniculaires en journée, le désert peut aussi être un congélateur la nuit (notamment en hiver). Une bonne polaire au fond du sac s’avère nécessaire pour un trek dans le désert.” 

TÉLÉCHARGEZ LA CHECK-LIST

 

L’aventure vous appelle ? 

Partez pour un trek dans le désert en compagnie de nos guides. Apprenez de leur expérience et partagez des moments de convivialités avec de vrais passionnés !  Pour quelques jours ou plusieurs semaines, découvrez toutes nos formules de trek

 

Mythique et enchanté pour les uns, intimidant et imprévisible pour les autres, le Mont Blanc ne cesse de fasciner alpinistes, explorateurs, ou simples rêveurs du monde entier. Adrien et Baptiste, tous deux passionnés de grands espaces, de nature et d’aventures, ont entrepris de réaliser l'ascension du Mont-Blanc et ses 4810 m de roche et de glace en juin dernier. De Paris à Chamonix, en passant par la Mer de Glace et la légendaire arête des bosses, plongez dans l’aventure mystique et parfois loufoque de nos deux jeunes alpinistes parisiens (et oui ça existe !)... Récit.

 

 

"Les sacs d’expédition sont lourds et difficilement manœuvrables dans les couloirs du métro. Nous avons rendez-vous, Adrien et moi, à Gare de Lyon pour enfin débuter l’aventure que nous préparons depuis des mois. Direction Chamonix où nous attend notre guide François, guide de haute montagne depuis plus de 20 ans !

 

Faire l'ascension du Mont-Blanc avec nos guides

 

Dès notre entrée dans la vallée, le ton est donné : les montagnes avoisinantes sont toutes plus impressionnantes les unes que les autres et nous semblent tout simplement insurmontables. Notre jeune carrière d’alpiniste à peine entamée, nous provoquons déjà l’hilarité des locaux dans le train. Nous ne savons pas quelle montagne est le Mont Blanc. Impossible de discerner le toit de l’Europe. Finalement, sur les conseils avisés et un poil moqueur des voyageurs, nous découvrons de l’autre côté du train l’impressionnant glacier des Bossons en contrebas du Mont Blanc, formidable structure de glace scintillante nous dominant de près de 4000 m. 

Notre arrivée à Chamonix coïncide avec la première étape de notre préparation : la location des chaussures d’alpinisme, indispensables pour gravir le Mont Blanc. Nous passons une bonne heure à sélectionner la paire qui nous accompagnera au bout de l’effort puis rentrons à l’hôtel pour nous reposer. Une journée d’entraînement sur la Mer de Glace est prévue le lendemain. Cette soirée est aussi pour nous l’occasion de découvrir Chamonix, charmante ville lovée au milieu de géants de glace. 

Le départ est donné au petit matin lorsque nous retrouvons François, notre guide. Originaire de Briançon, il nous met tout de suite à l’aise avec sa décontraction naturelle et son sens de l’humour aiguisé. Dès les premiers instants, le courant passe et nous sentons, Adrien et moi, que nous sommes entre de bonnes-mains. François vérifie rapidement notre équipement et le complète avec crampons, piolet, casque et baudrier. 

Le décor est grandiose, les Drus se dressent au dessus de nous et nous pouvons distinguer au loin la légendaire face Nord des Grandes Jorasses.

Nous empruntons le train du Montenvers qui nous emmène au-dessus de la Mer de Glace, l’un des nombreux glaciers entourant le massif du Mont Blanc. Nous découvrons rapidement pourquoi Chamonix est considérée comme La Mecque de l’alpinisme en Europe à la vue de dizaines d’alpinistes, venus répéter leurs gammes. Pour descendre sur le glacier, nous devons emprunter un système d’échelles et de câbles métalliques, parfois verticaux. Le décor est grandiose, les Drus se dressent au-dessus de nous et nous pouvons distinguer au loin la légendaire face Nord des Grandes Jorasses. Une fois sur le glacier, François nous enseigne l’art, et je pèse mes mots, de chausser les crampons. "Si cela semble ardu au premier abord, on prend rapidement le coup de main et vous chausserez bientôt vos crampons comme un vieux chamoniard". François est un excellent professeur et les exercices s'enchaînent rapidement. Lors du retour vers la station du Montenvers nous empruntons une voie différente. Plus abrupte et aérienne que la voie normale, cette petite partie d’escalade nous permet de d'expérimenter la progression en cordée et de mettre à l’épreuve notre peur du vide. 

 

Le grand départ

Nous profitons d’un réveil très matinal pour acheter une cargaison de barres de céréales (ça sent l'indigestion). Nous préparons nos sacs pour l’ascension du Mont Blanc qui durera 3 jours. Crampons, piolet, casque, baudrier, bâtons, veste imperméable, polaire, lampe frontale et beaucoup d’autres accessoires indispensables viennent remplir un sac déjà bien lourd… 3 L d’eau pour compléter le tout, nous ressemblons à de véritables sherpas ! Nous allons au pied des remontées mécaniques pour rejoindre le Tramway du Mont Blanc, puis le Nid d’Aigle, point de départ de la marche d’approche. La fleur au fusil, nous arrivons au Nid d’Aigle, à 2372 m d’altitude, aux alentours de 11 h. 

 

Commence alors la première étape de notre ascension du Mont Blanc. Nous devons gagner le refuge de Tête Rousse, juché sur un éperon rocheux à 3167 m, pour y passer la première nuit. Nous gagnerons ensuite le sommet dans la nuit avant de dormir au célèbre et très fréquenté refuge du Goûter. La montée vers Tête Rousse est plutôt facile, avec un paysage rocailleux d'où nous apercevons chamois et choucas. Deux heures de marche plus tard, nous entrons sur un large névé. À notre passage , nous provoquons l’hilarité d’un groupe d’anglais goguenards à la vue de nos baguettes soigneusement rangées dans les porte-gourdes de nos sacs. 

Arrivée au refuge. Fou rire garanti dès l'entrée au moment de choisir ses Crocs’ pour la nuit. Disposées dans de grands bacs et en vrac, impossible de trouver une paire à ma taille. Je me retrouve donc avec un pieds droit rose en 43 et un pied gauche vert en 40 (je chausse du 41). L’ambiance au refuge est comme je l’avais imaginée : chaleureuse, authentique et imprégnée des expériences de tous les alpinistes venus s'y abriter. Des drapeaux du monde entier couvrent les murs et nous sommes reçus par un népalais à l’expérience himalayenne sortant de l’entendement. 

La sérénité de notre fin de journée est soudainement interrompue par l’évocation du redoutable couloir du Goûter, étape obligatoire et risquée qui nous mènera au sommet. Situé à quelques centaines de mètres au dessus de Tête Rousse, ce passage de 40 m de long est sujet aux chutes de pierres. Nous le passerons donc de nuit pour bénéficier du gel qui permet de retenir, du moins partiellement, les écroulements de roches. Malgré le décor enchanteur et la convivialité du refuge, le Mont Blanc et ses dangers nous rattrapent rapidement. Gravir le Mont Blanc comporte des risques, nous en prenons ici la pleine mesure. Cependant, nous avons confiance en François (plus de 60 sommets du Mont Blanc à son actif) et en notre condition physique optimale pour l’ascension. 

L'ascension du Mont Blanc - Voie normale

Je ne pense simplement qu’à mettre un pied devant l’autre, rien de plus, rien de moins.

La nuit est courte. Réveil à 2 h du mat' pour le petit-déjeuner. Fromage, tartine de Nutella et grande tasse de thé, nous partons vivre nos rêves la panse pleine ! Le temps est doux et nous commençons l’ascension vers le refuge du Goûter à la frontale, en polaire. Encordés, nous progressons à bon rythme, François en tête, Adrien au milieu et moi qui ferme la marche. Nous arrivons rapidement au passage fatidique du couloir après environ 45 minutes. François nous fait patienter quelques instants afin de bien jauger les conditions. Pas de chutes de pierres en vue, nous traversons. La sensation est étrange. Mon cerveau occulte totalement l'appréhension et la peur. C'est comme s'il se mettait en pause pour ne filtrer que l’essentiel. Je ne pense plus qu'à une chose : mettre un pied devant l’autre.

J’entends d’abord une pierre tomber dans le couloir, puis une autre, encore une autre entraînant tout un ensemble dans un vacarme effrayant.

Quarante-cinq secondes suffisent à traverser le couloir. S’en suit alors une longue session d’escalade. Notre condition physique nous permet d’apprécier le côté ludique et complètement fou d’une ascension de nuit en milieu rocheux. Mais alors que nous commencions à entrevoir le refuge du Goûter, les dangers de la montagne nous rattrapent. J’entends d’abord une pierre tomber dans le couloir, puis une autre, encore une autre entraînant tout un ensemble dans un vacarme effrayant. Par chance, personne ne passait dans le couloir à ce moment là. Un rappel à la vigilance qui tombe à pic et que nous prenons très au sérieux. Nous finissons par atteindre le refuge du Goûter, encore endormis, vers 4 h du matin. L’occasion de prendre une tasse de thé bien chaude et de reprendre quelques forces pendant une heure.

Au dessus du refuge du Goûter (3835 m), se dresse le Dôme du Goûter, étape obligatoire de la voie normale (4304 m). François donne le signal du départ. Nous chaussons les crampons et progressons vers le sommet, totalement ébahis devant le lever du soleil. Le ciel s’embrase et se pare de rose, de bleu et d'orange dans un moment que je n'oublierai jamais. Je me souviens encore de la corde me projetant vers l’avant alors que je m’étais arrêté sans prévenir mes compagnons de cordée. Je ne pouvais simplement pas rater un moment pareil. “Once in a lifetime” dirait on outre-manche… 

La route est encore longue et je reprends rapidement mes esprits. Nous parvenons enfin au sommet de cette immense motte de neige pour découvrir le Mont Blanc, solitaire et majestueux. Le soleil est levé depuis maintenant une heure. Sans doute l’une des meilleures journées de la saison selon François. Le ciel est d’un bleu intense, caractéristique de la haute altitude. La vue sur l’arête des bosses et la suite de l’ascension est imprenable, mais laisse présager d’un effort intense pour rallier le sommet. 

Si j’imaginais la montée vers le sommet comme “Stairway to Heaven” de Led Zeppelin, c'est en fait “Highway to Hell” d’ACDC qui me vient en tête

Nous traversons un tapis de neige immaculée où seule subsiste la trace des alpinistes passés précédemment. Si j’imaginais la montée vers le sommet comme “Stairway to Heaven” de Led Zeppelin, c'est en fait “Highway to Hell” d’ACDC qui me vient en tête. Les pentes s’inclinent de manière vertigineuse et le souffle ralentit de secondes en secondes. Le mental prend alors le dessus dans ces moments de fatigue intense. Ce petit supplément d’âme venant du plus profond de mon être m'insuffle ce coup de pouce physique indispensable pour continuer. Malgré un paysage à couper le souffle, seul compte le pas suivant.  

François nous laisse passer devant pour les derniers mètres avec Adrien. Le sommet est désormais en vue, et je sais qu’il ne nous échappera pas. J’éprouve encore beaucoup de mal à décrire la vision du sommet trônant dans le bleu infini. Pas à pas, nous progressons vers un petit groupe de personnes attroupées sur l’iconique “plat” du sommet. 

Des mois d’entraînement, des heures d’effort dans la neige et le sentiment du devoir accompli, c’est assurément l’un des plus beaux moments de notre vie.

Mon piolet finit par se planter au sommet. La vague d’émotions qui m'envahit est difficilement explicable. Je domine l’Europe et ses 800 millions d’habitants. Des mois d’entraînement, des heures d’effort dans la neige et le sentiment du devoir accompli, c’est assurément l’un des plus beaux moments de notre vie (nous avons 21 et 22 ans). Le vent est violent et nous glace le sang. Je me souviens encore de la franche poignée de main avec François, nous félicitant d’un “bravo les gars, bien joué” teinté d’un accent inimitable. Vite, une photo avant que la batterie du téléphone ne gèle. C’est dans la boîte ! Un dernier moment de contemplation et nous devons déjà entamer la descente. Des heures d’effort pour 25 minutes de bonheur. C’est peu diront certains, mais nous sommes comblés !

 

J’ai faim ! J’ai faim ! Mon côté râleur et citadin reprend le dessus. Je ne rêve plus que d’un repas gargantuesque au refuge du Goûter. Pour cela, encore 2 h 30 de descente. Les jambes sont cotonneuses et je me demande comment mon corps tient encore debout. Nous progressons désormais en sens inverse sous un soleil de plomb dont les effets sont accentués par la réverbération sur la neige. Véritable ovni au milieu du massif, le refuge du Goûter et sa structure métallique sont en vue. C’est la délivrance ! Une sieste salvatrice et un repas espéré depuis des heures nous permettent de nous requinquer. La nuit s’annonce réparatrice et rythmée par les souvenirs de nos exploits de la journée (c’était sans compter un russe imposant ronflant sur la couchette voisine). 

Le silence règne entre nous lors du voyage retour vers Chamonix, comme si chacun avait laissé une part de lui-même sur la montagne.

7 h : Le départ est toujours très matinal, afin d’éviter les pierres du couloir du Goûter que nous devons traverser une fois de plus. Je comprends enfin l’expression des guides se demandant si “ça parpine ?”. De véritables parpaings dévalent le couloir en cette belle matinée. Hop, un petit moment d'accalmie et nous passons au pas de course. 

S’en suit une descente joyeuse et loin de tout danger. Le Nid d’Aigle en vue, il marque le point final de notre ascension au Mont Blanc. Le silence règne entre nous lors du voyage retour, comme si chacun avait laissé une part de lui-même sur la montagne. Vivre un rêve éveillé n’est pas une chose commune et peut être déboussolant. Avec Adrien nous n’avons pas trouvé meilleur moyen de redescendre sur terre que de dévorer une bonne fondue savoyarde dans le centre de Chamonix. 

Nous quittons François à regret. Une gentillesse rare, un savoir unique et des histoires savoureuses, on ne pouvait pas rêver mieux comme guide. Une chose est sûre, nous nous croiserons dans nos futures aventures alpines !  

 

 

Si comme Baptiste et Adrien, vous rêvez de gravir le plus haut sommet d’Europe, découvrez toutes nos formules d’Ascension du Mont-Blanc.

 

Pour aller plus loin :

Iless Anglo-Normandes _ KazadenLes îles Anglo-Normandes sont comme une Angleterre en miniature. À seulement quelques heures de navigation depuis Cherbourg, elles offrent le dépaysement d’une terre insulaire gâtée par la nature - et imprégnée de culture britannique. Pour les découvrir, Dorine et Guilhem, nos envoyés (et aventuriers) spéciaux, ont choisi une croisière dans les Iles Anglo-Normandes à bord d’un superbe voilier. Un navire à voile de 20.5 m, rapide et confortable, conçu pour la navigation océanique. De retour à Paris, Dorine a pris la plume pour nous raconter leur périple. Un voyage ponctué de paysages sauvages, de bonnes rigolades et de plats délicieux.

Nous sautons Guilhem et moi dans le train de 18h04, direction Cherbourg. Arrivée 21h20, fatigués certes par notre longue journée mais surtout contents de rencontrer Olivier, notre skipper et son voilier de 20,5 mètres, rien que ça ! Nous sommes tout excités à l'idée de passer trois jours sur l’eau. Pour Guilhem c’est une première, il ne sait pas trop ce qui l’attend mais une chose est sûre : c’est l’aventure et ça va être génial. Moi qui ai déjà fait de la voile habitable, je me rends compte petit à petit de la chance que j’ai d’embarquer sur un aussi beau bateau. Je frétille d’impatience.

capo_di_fiora

La jupe arrière de 5 mètres promet de belles baignades et le mât en carbone, une impressionnante toile !

Olivier nous attend à la gare avec son petit camion et son grand sourire. Le contact se fait très facilement et nous nous sentons tout de suite à l’aise. Direction le ponton pour poser les affaires. Malgré le port plongé dans la nuit, j’arrive à deviner les courbes racées et élégantes du voilier. La jupe arrière de 5 mètres promet de belles baignades et le mât en carbone, une impressionnante toile ! Pour monter sur le bateau, il faut emprunter l’escabeau posé sur le ponton. Ce n’est pas du haut de mes 1m68 que je vais arriver à enjamber les chandeliers. Pas de quoi s’inquiéter, Olivier aussi, 1m85, doit monter les trois petites marches pour poser pied sur son bateau. Une fois les affaires déposées, nous filons vers le restaurant typique du coin appelé « Le Commerce », avant que sa cuisine ne ferme. Tartare pour Olivier et Guilhem, steak à la sauce camembert pour moi ! Après tout, c’est la spécialité normande alors pourquoi pas ?

De retour au bateau, nous rangeons l’avitaillement à l’intérieur. Olivier a tout prévu ! J’aperçois dans les sacs de courses de beaux avocats, des légumes en tout genre, du fromage (et pas qu’un peu !), des cagettes entières de brugnons, de pommes… Ah, et des citrons verts aussi ! Ti-punch à l'horizon ? Le reste de l’équipage nous rejoindra un peu plus tard vers minuit. Je les rencontrerai seulement le lendemain car je dors déjà sur mes deux oreilles dans une des deux cabines arrière, rien que pour moi ! Grand luxe.

croisiere-anglo-normandes_kazaden

On fait comme d’hab, trois au pied de mat pour la drisse de grand voile, un à la manivelle, deux qui s’occupent des parbat’.

Découverte des Îles Anglo-Normandes

Réveil 7 heures. Objectif ? Appareiller à 8 heures car une belle navigation nous attend. Après un bon petit-déjeuner avec pain grillé, confiture maison et café chaud, Olivier nous fait le brief sécurité et nous apprend le fonctionnement de son bateau : les winchs, la grand voile, la trinquette, le génois, etc. Nous verrons la suite pendant la navigation. Son voilier est encore plus exceptionnel de jour ! On largue les amarres à 8h piles, au top ! Équipage exemplaire. Nous attendons sagement les ordres du capitaine, gilets de sauvetage enfilés, prêts à être de bons petits matelots : « Il y en a trois d’entre vous qui vont au mat pour tirer sur la corde bleu, un autre au winch pour rattraper la corde qui sert à monter la grand voile, deux autres qui s’occupent d’enlever les grosses bouées sur le côté » Olivier nous ménage, nous épargne le jargon des voileux et essaye de parler le plus clairement possible. Heureusement à la fin du week-end, tout le monde à bord sera capable de comprendre : « On fait comme d’hab, trois au pied de mat pour la drisse de grand voile, un à la manivelle, deux qui s’occupent des parbat’. Je reste à la cap et on hisse tout ça comme il faut ! »  

Barrer vingt-deux tonnes, ce n’est pas forcément évident, surtout quand la barre à roue arrive à hauteur de mon front, mais on s’y habitue !

Direction Jersey. Nous sommes sur une journée plutôt bonne : 20 nœuds de vent, un ciel gris mais par moment de belles éclaircies. Le bateau avance bien, très bien même. Une moyenne à 10 nœuds, pas mal ! Nous longeons la très belle côte jusqu’au Raz Blanchard et le Cap de la Hague. Je barre et réussis plus ou moins à tenir le cap. Barrer 22 tonnes ce n’est pas forcément évident, surtout quand la barre à roue arrive à hauteur de mon front, mais on s’y habitue ! Les sensations sont inoubliables : le bateau est marin, il encaisse parfaitement la houle et file droit devant. Vers midi, il est l’heure de déjeuner ! Sacré mission : réussir à composer des wraps faits maison dans une cuisine certes très spacieuse et ergonomique mais avec une bonne gîte ! Je m’y colle avec Olivier. Quelques bouts d’avocat s’échappent et finissent sur le sol mais au final tout se passe bien, les wraps sont roulés et l’équipage se régale, dans la joie et la bonne humeur. Mission réussie. 

olivier-skipper_kazaden

Tout le monde se sent en sécurité, Olivier explique parfaitement la situation, chacun sait ce qu’il doit faire.

Vitesse de croisière

Sur la droite nous laissons passer à la suite Aurigny, Guernesey, Herm et Sercq. Pour accompagner le café, des dauphins viennent jouer avec le bateau. A l’approche de Jersey, cela devient sportif ! Deux bons mètres de houle et des rafales à 30 nœuds, avec un vent contre courant. Olivier prend la barre, dans un calme qui impose le respect. Nous roulons la trinquette pour diminuer la voilure. Tout le monde se sent en sécurité, Olivier explique parfaitement la situation, chacun sait ce qu’il doit faire. Salopettes imperméables et vestes de quart zippées, nous sommes tous équipés pour profiter de cette navigation impressionnante et parfaitement contrôlée. Nous arrivons vers 15 heures à Saint-Hélier, port principal de l’île anglo-normande Jersey. Nous nous mettons à couple dans l’avant-port à côté d’un très joli ketch (encore plus grand que notre bateau !) qui partira ensuite en expédition dans l’Arctique. Après avoir lové quelques bouts, nous partons découvrir cette ville au charme so british. C’est fou de se dire que la veille nous étions à Paris ! L’immersion est totale : de belles petites ruelles, des anglais à l’accent bien trempé à chaque coin de rue, des pubs, des pubs et encore des pubs ! Nous décidons de nous arrêter dans l’un d’eux : le « Cock and Bottle » pour siroter quelques bières locales. Pour certains d’entre nous, le choix se portera plutôt vers du cidre, c’est une de leurs spécialités. Et ça vaut le coup ! Il est succulent. Nous profitons de quelques notes d’un concert live en même temps.

La nuit tombée, nous repartons en direction du port pour retrouver notre belle embarcation. Les lasagnes enfournées, nous avons 30 minutes pour finir l’apéro. Le temps est grincheux, nous préférons rester à l’intérieur, dans le carré, qui doit faire à peu près la taille de mon petit appartement parisien ! Tous un ti-punch à la main, préparé par le capitaine évidemment, nous écoutons les anecdotes de navigation et débriefons de la journée. Soirée à bord dans la convivialité et le rire. Malgré la bonne ambiance, nous tombons tous un à un comme des mouches, fatigués par le vent, éreintés d'une journée forte en émotions qui pour certains, fut même mouvementée… gastriquement parlant.

Mon coup de cœur ? La « Coupée » : isthme étroit franchi par le chemin qui relie les Grand Sercq et Petit Sercq.

Vues imprenables

Le lendemain matin, nous mettons les voiles en direction de la sauvage île de Sercq. Après 5 heures de navigation sous le soleil, nous attrapons une bouée dans la sublime Derrible Bay. Nous avons quasiment la crique pour nous. Seul un petit ketch à bâbord a également décidé d’élire cette baie comme refuge pour la nuit. Il nous tarde de débarquer et découvrir cette terre qui, selon les récits d’Olivier, cache bien des trésors. Mais avant, une baignade s’impose dans ce petit paradis hors du temps. Il fait beau, bon et une piscine gigantesque s’offre à nous. Pas de place pour les poules mouillées, celui qui ne se baigne pas est de corvée vaisselle jusqu’à la fin de week-end ! Ni une ni deux, tout le monde est à l’eau. Après quelques brasses rapides on se rend compte qu’il ne fait pas si chaud que ça finalement ! Une fois tout le monde séchés et revigorés, Olivier nous dépose en annexe sur la plage la plus proche. La balade sur l’île est inoubliable, les vues sont à couper le souffle. Mon coup de cœur ? La « Coupée » : isthme étroit franchi par le chemin qui relie les Grand Sercq et Petit Sercq. Le spectacle est grandiose : de part et d'autre, les falaises plongent dans la mer d'une hauteur de 80 m ! À l'Ouest, nous profitons de la vue sur Brecqhou, Jethou, Herm et Guernesey. Le temps passe vite et personne ne croit Guilhem quand son téléphone affiche 13 kilomètres parcourus ! Notre point de chute avant de retourner sur le bateau sera le pub appelé « Mermaid Tavern ». C’est le spot de tous les habitants pour la petite (ou grosse) bière de fin de journée.

ballade dans les iles anglos normandes
iles anglo normandes

Dans les Îles anglo-normandes, la déconnexion est totale et nous n’avons vraiment pas envie de rentrer.

Pour notre dernière journée, surprise : pas un nuage à l’horizon ! Les plus courageux d’entre nous en profitent pour faire un plongeon dans une eau… vivifiante ! Les autres sirotent leur café tranquillement tout en se disant secrètement « J’y vais ? J’y vais pas ? Ça a l’air bien quand même… Mais bon ça a l’air quand même très froid… ». Pour ma part, j’ai choisi l’option café au sec. Les couleurs sont sublimes : le soleil se lève et illumine peu à peu les falaises escarpées de Sercq. Il est temps de mettre le cap sur notre point d’arrivée : Cherbourg. Et dire que nous y étions il y a deux jours, nous avons peine à le croire. La déconnexion est totale et nous n’avons vraiment pas envie de rentrer. Notre navigation se passe très bien avec en couronnement un déjeuner digne du repas familial du dimanche avec grand-mère : magret de canard saignant avec son sauté de pommes de terre. Le tout mijoté dans une sauce aux oignons, poivrons et ail. Merci chef Olivier ! Après plusieurs parties de dés, nous devinons Cherbourg au loin. Le silence se fait à bord, comme si tout le monde se rendait compte que nos 3 jours allaient bientôt toucher à leur fin et qu’il fallait profiter de chaque seconde qu’il nous restait, intimement et silencieusement.

BREAK VIDÉO

Le mot du skipper

La mer, c’est vivre avec la force des éléments, c'est s'imprégner d'images inoubliables. C’est aussi la découverte, l’occasion de faire de belles rencontres. Quels moments magnifiques que de croiser des dauphins, des baleines, de découvrir de beaux mouillages, de visiter des endroits sublimes, ou simplement de contempler des couchers de soleil et de rêver sous des nuits étoilées. Enfin, la navigation nous plonge dans un rapport étonnant et distendu au temps et à l’espace. La sensation de vivre une journée en une semaine… ou une semaine en un jour !

Si comme Dorine et Guilhem, vous avez envie de naviguer cheveux au vent pour découvrir les Îles Anglo-Normandes, retrouvez cette croisière sur notre site.

Depuis quelques années, le stage de survie en milieu naturel est devenu un incontournable pour tout aventurier en quête d’une expérience singulière et revigorante. Face au rythme effréné de nos vies quotidiennes, ces stages répondent au besoin de se déconnecter du monde, de (re)apprendre à se débrouiller dans un environnement hostile et de faire face à l’imprévu. 

Pascal est de ceux qui ont connu le scoutisme et l’excitation de se retrouver livré à lui-même dans le Grand Atlas Marocain. Lorsqu’il s’est fait offrir en cadeau un stage de survie dans le Jura, il y a tout de suite vu l’opportunité de retrouver des sensations de jeunesse et d’apprendre de nouveaux savoirs. 

Un cadeau à dormir dehors

Ma femme et mes enfants m’ont offert pour mes 57 ans un stage de survie de deux jours avec l’équipe de Denis dans le Jura.

Au début, j’ai cru qu’ils voulaient se débarrasser de moi…

Il est 9h00 : Nous sommes 13 personnes, tous réunis pour deux jours de survie dans le massif du Jura, à deux pas de la frontière Suisse. La première journée de ce stage de survie commence par une injonction : se démunir de nos téléphones portables et de nos montres pour ne garder que l’essentiel, un couteau, une boussole et un sac de couchage (c’est presque le grand luxe). Nous entamons les premiers kilomètres de marche par la cueillette des plantes et des insectes comestibles qui nous régaleront pendant ces deux jours. Des sauterelles foisonnent dans les champs, ce qui nous donne l’occasion de s’en mettre quelques-unes sous la dent - vivantes - et de garder les autres pour le barbecue à venir. Orties, baies sauvages, fraises des bois, la nature nous offre une grande variété de friandises que nous conservons précieusement.

Comment dormir sur ses deux oreilles ?

“Pour le bivouac, il faut choisir un sol plat, proche d'arbres pour s'en servir comme supports, et si possible sous des arbres touffus.”

Après une course d’orientation où je n’ai finalement pas mené mon équipe au bon point d’arrivée (scout un jour, scout.. hum), nous voilà dans la zone de campement à la recherche d’une place confortable pour dormir. Chacun y va de son avis. Les personnalités se dévoilent et je commence à comprendre l’intérêt de penser pour la communauté. Nous installons le campement. Pour pourvoir dormir confortablement dans la nature, le mieux est de choisir un sol plat, proche d'arbres pour s'en servir comme supports, et si possible sous des arbres touffus. Cela permet d’être abrité en cas de mauvais temps ou d’orage soudain.

Mode survie activé : l'épreuve du feu

Moi qui voulais leur montrer de quel bois j’me chauffe, ce fut plus compliqué que prévu ! Sans allumette ni briquet, nous avons choisi de faire du feu par friction. Cette vielle technique consiste à frotter deux éléments en bois pour produire une braise et présente l’avantage de n’avoir besoin que de trois outils : 

Ce moment a été magique, euphorique, ancestral.

Malgré les instructions, il aura fallu plus d’une heure et demi pour qu’une des équipes (sur cinq), parvienne à allumer la première flamme. Ce moment a été magique, euphorique, ancestral. La nuit tombée, nous avons formé deux équipes, celle des téméraires pour une excursion sans lampe frontale pour observer les orages et quelques étoiles tandis que l’autre (dont je faisais partie) se couchait après une journée bien fatigante.

Horsmis les ronflements de certains, quelques gouttes de pluie, le crissement des animaux, un sol qui nous rappelle le bon souvenir de notre confort quotidien, j’ai plutôt bien dormi.

Au petit déjeuner, café chaud, chocolat chaud, thé à volonté, tartines grillées et croissants, tout cela, dans notre imagination. C’était plutôt : baies, tisane de pissenlits, quelques fraises des bois (pour les veinards) et feuilles d’orties roulées (qui donnent un gout de concombre ou de haricot vert).

Nous avons effectué des ateliers pour la fabrication de pièges (bien sûr inoffensifs car chasser des animaux quand ce n’est pas nécessaire est considéré comme du braconnage) suivi d’un exercice d’orientation avec le soleil et l’apprentissage de la lecture d’une carte.

Pour le trajet du retour nous avons confectionné un brancard de fortune et nous nous sommes relayés en tant que brancardiers et blessés, tous cela dans une bonne ambiance et un effort équitable.

Le clou de la journée, c’est le dur retour à la réalité avec une belle surprise à l’arrivée : un repas préparé par l’auberge qui nous a servi de point de départ.

Transmission du savoir

Candice, notre accompagnatrice est une personne passionnée. Elle a su nous transmettre son savoir et son expérience de la survie en nature. La rencontre avec des personnes qui viennent de tout horizon, le collectif qui s’organise, l’aventure humaine… tout cela est un voyage hors du temps, une expérience enrichissante qui restera dans nos esprits.

 

Si comme Pascal vous souhaitez apprendre les bases de la survie, découvrez l'ensemble de nos stages de survie.

Petite bourgade norvégienne enclavée entre les montagnes, le village d’Unstad a comme un air de bout du monde. Situé dans les îles Lofoten à 160 km au nord du cercle polaire, ce spot attire les surfers du monde entier. La-bas, vous ne trouverez ni cocotiers ou transats plastifiés mais des vagues exceptionnelles toute l’année, dans une nature restée intacte. 

Des vagues, du surf, et une ambiance ultra conviviale

 

Grâce aux courants d’air chaud du Gulf Stream, les vagues de la région ne sont jamais immobilisées par la glace. ©Unstad Arctic Surf

 

Je n’avais encore jamais eu l’occasion de me frotter aux vagues sur une planche de surf alors s’il y a bien un endroit où je devais tenter l’expérience, c’est ici !

En mars dernier, au détour improbable d’un road trip dans les Lofoten, j’ai découvert cet endroit unique. Nous sommes à la fin de l’hiver, les journées s’allongent à grande vitesse et la période est idéale pour admirer les aurores boréales. Nous arrivons en fin d’après-midi. A peine nos bagages déposés dans l’une des confortables cabines du surfcamp que Marion, la propriétaire du lieu nous propose un verre. Dynamique, spontanée, elle nous raconte l’histoire du lieu :

En 1963, Thor Frantzen et Hans Egil Krane, deux jeunes Norvégiens découvrent le surf lors d’une escale en bateau à Sydney où ils étaient partis pour travailler. A leur retour, piqués par la passion des vagues et inspirés par la pochette de l’album Surfin’ Safari des beach boys, ils décident de fabriquer eux-mêmes leur première planche à base de polystyrène et de papier journal humide. En 2003, alors que le surf se démocratise en Norvège, Thor Frantzen et sa femme ouvrent quelques cabines près de la plage. Ils inaugurent un restaurant et louent leurs premières planches. Le projet se développe et attire de plus en plus de passionnés. Aujourd’hui repris par Marion, la fille de Thor Frantzen,  Unstad Arctic Surf est devenu l’un des surfcamps les plus en vogue de Norvège. L’atout ultime de cet endroit repose sur “la combinaison entre les vagues de la façade ouest de l’Europe et le relief de la côte rocheuse sur laquelle elles se brisent”, rappelle Tommy Olsen, le mari de Marion.

Le moment fatidique - se jeter à l’eau

Pour faire face au froid,il est important de toujours rester en mouvement. ©Unstad Arctic Surf

Le lendemain matin, 8h, premier coup de chaud (ou de froid). Pour tenir dans une eau qui ne dépasse pas 5°C, il faut enfiler une combinaison intégrale de 5 à 7 mm d'épaisseur, une cagoule, des chaussons et des gants. Avec ça, nous ressemblons davantage à des grenouilles qu’aux beaux surfers californiens mais qu’importe, le froid ne nous aura pas.

9h : j’apporte ma planche sur la plage et c’est parti pour les premiers échauffements : les pieds dans la neige, j’enchaîne les aller-retours en sautillant. Une fois réchauffée, notre moniteur nous explique les premiers mouvements. Comment trouver l'équilibre et effectuer le “take-off”, ce moment périlleux où le surfer doit pousser sur ses bras tout en se levant sur sa planche.

Justesse, placement et enchaînement sont les trois indicateurs pour réussir son coup. ©Unstad Arctic Surf

9h30 : on se jette à l’eau. Grand moment d’appréhension et là, surprise, l’eau glaciale ne rentre pas dans la combinaison. Nous restons tout de même près du bord pour avoir pieds et tentons pendant plus d’une heure de prendre la vague. Pédagogue et patient, Marco nous guide pas à pas pour nous améliorer. Malgré la difficulté de mouvement qu’impose l’épaisseur de la combinaison, je réussis tant bien que mal à me lever et à rester en équilibre au-dessus de l’eau. Quelles sensations !

10h30 : l’effort fait place à la fatigue. Après quelques canards et une dernière tentative réussie, je décide d'arrêter. Retour au surfcamp pour enlever les combis (comme on peut) et direction le sauna pour petit moment de détente. Une fois réchauffée, Marion nous sert un irish chocolate accompagné d’un bon gros bun à la cannelle (avis aux amateurs, ce sont les meilleurs que je n’ai jamais goûtés) pour se requinquer.

Toute la cuisine servie dans le surfcamp est faite maison . ©Unstad Arctic Surf

Il est vrai que faire sa première leçon de surf au mois de mars en Norvège peut paraître complètement fou. C’est justement ce dont nous avions envie. Une expérience qui sorte de l’ordinaire. Je me souviendrai toujours de cette lumière, de ces paysages incroyables et surtout, de la convivialité de toute l’équipe. Je reviendrai c’est certain, mais peut-être en été cette fois-ci !

Marine

Rejoignez nous sur Instagram

crossmenu linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram